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Qu’est-ce que le transfert ?

Qu’est-ce que le transfert ?

Le journal de toutes les psychologies

Un article de Sarah Chiche

Phénomène mis en exergue par Freud dès les débuts de la psychanalyse, le transfert a, dit-on, une fonction essentielle dans la cure. Pourquoi est-ce un passage obligé pour le patient ? Et qu’en est-il hors psychanalyse ?

Übertragung, qui signifie littéralement « report » en allemand, mais qui sera traduit en français par « transfert », recouvre l’ensemble des sentiments positifs et négatifs ressentis par le patient à l’égard de l’analyste, en tant qu’ils sont la transposition d’une relation ancienne. Le terme figure dès 1895 dans les Études sur l’hystérie de Sigmund Freud et Josef Breuer. Ce dernier avait accepté de recevoir Bertha Pappenheim (passée à la postérité sous le nom d’Anna O.), qui présentait un catalogue de symptômes très envahissants : paralysie des membres inférieurs, troubles de la vue, anorexie, toux nerveuse, qui disparaissaient lorsqu’elle parlait en séance. Mais bientôt la patiente déclenche un élan passionnel, une forte énamoration pour Breuer, et celui-ci en est désemparé. Le récit de cette cure à son collègue et ami Sigmund Freud va avoir un impact direct sur la façon dont ce dernier va envisager le traitement des patients.

Convaincu que l’hypnose, alors pratiquée massivement à la fin du XIXe siècle, confère au thérapeute un bien trop grand pouvoir de suggestion sur le patient, Freud délaisse cette méthode au profit de la cure par la parole. Or, rapidement, le Viennois fait ce constat : ce n’est pas parce que la suggestion est forte que le transfert est fort. En réalité, plus le transfert est fort, plus le pouvoir de suggestion devient grand. De fait, note Freud dans Selbstdarstellung (Sigmund Freud présenté par lui-même) en 1925,
«  dans chaque traitement analytique, s’instaure, sans aucune intervention du médecin, une relation affective intense du patient à la personne de l’analyste, relation qui ne peut s’expliquer par aucune des circonstances réelles. Elle est de nature positive ou négative, va de l’état amoureux passionnel, pleinement sensuel, jusqu’à l’expression extrême de la révolte, de l’exaspération et de la haine. Cette relation, qu’on appelle, pour faire bref, transfert, prend bientôt la place chez le patient du désir de guérir et devient, tant qu’elle est tendre et modérée, le support de l’influence médicale et le ressort véritable du travail analytique commun. »

À la fois moteur et résistance

Le modèle prototypique de la cure freudienne étant l’analyse des patients névrosés, il est postulé qu’à la névrose ordinaire, celle qui a amené le patient à consulter, va se substituer la névrose de transfert, définie comme une « maladie artificielle ». Cette répétition dans le transfert permet alors au patient de se remémorer des attitudes inconscientes qu’il va revivre dans son rapport à l’analyste, le but étant cette fois, dit Freud, d’aboutir « à une solution différentev». Mais le transfert est aussi responsable des résistances les plus fortes face à la thérapie, puisqu’il s’oppose à la remémoration du matériel refoulé. Cette idée est centrale chez Lacan et ses élèves pour qui le transfert imaginaire est précisément ce qui fait obstacle à la cure. Car, à chaque fois que l’analysant évoque en séance quelque chose de l’ordre du transfert (« Je me demande à quoi vous pensez quand je vous parle. » ; « J’avais peur de vous décevoir en racontant cela », etc.), c’est une résistance, c’est-à-dire une résistance pour éviter de parler d’autre chose. Le transfert véritable est, lui, d’ordre symbolique.

Dans la conception lacanienne de la cure, l’analyste est dit en position de « sujet supposé savoir ». Le patient se figure que l’analyste a toutes les réponses aux questions qu’il se pose, le transfert devient donc de « l’amour qui s’adresse à du savoir ». Dans son Séminaire sur le transfert, Lacan prend l’exemple de Socrate et d’Alcibiade pour illustrer le prototype de ce qu’est l’analyse. Quand Alcibiade déclare son amour à Socrate, celui-ci ne cède pas. Il réussit à lui dévoiler l’objet de son désir inconscient, qui le renvoie à un autre : Agathon. En d’autres termes, Socrate, en ne répondant pas au désir d’Alcibiade, réussit à le guider vers la vérité de son désir. Mais alors, le transfert, est-ce donc de l’amour ? Ou bien l’amour de transfert n’est-il donc qu’un amour factice ? Au fond, quelle différence y a-t-il entre amour de transfert et amour ? (...)

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